...

Qu’est-ce que
le harcèlement sexuel ?

Le harcèlement sexuel est un comportement discriminatoire défini par la Loi sur l’égalité entre femmes et hommes (art. 4 LEg)

Eléments caractéristiques du harcèlement sexuel :

un rapprochement unilatéral

dégradant, blessant

importun, pas voulu, pas souhaité

viole les limites personnelles

source d’irritation

Pour être considéré comme du harcèlement sexuel, la répétition n’est pas nécessaire : un acte isolé suffit.

Définition

« tout comportement importun de caractère sexuel ou tout autre comportement fondé sur l’appartenance sexuelle, qui porte atteinte à la dignité de la personne sur son lieu de travail , en particulier le fait de proférer des menaces, de promettre des avantages, d’imposer des contraintes ou d’exercer des pressions de toute nature sur une personne en vue d’obtenir d’elle des faveurs de nature sexuelle.» Pour être considéré comme du harcèlement sexuel, la répétition n’est pas nécessaire : un acte isolé suffit.

Le critère à prendre en compte est la détérioration des conditions de travail.




Comment le harcèlement sexuel se manifeste-t-il?

On retient trois formes principales de harcèlement sexuel. Certaines de ces formes sont des infractions pénales.

...
VERBAL

  • Remarques scabreuses ou embarrassantes sur l’apparence physique
  • Invitations importunes
  • Plaisanteries, commentaires sexistes, allusions sexuelles
  • Ridiculiser ou banaliser les capacités professionnelles en termes sexistes
  • Rumeurs d’ordre sexuel
  • Questions indiscrètes sur la vie privée
  • Tentatives de rapprochement accompagné de promesses de privilèges ou de menaces de représailles (chantage)

...
Non Verbal

  • Regards qui déshabillent, sifflements, insultes, clins d’œil, mimiques, gestes obscènes
  • Étalage d’objets ou transmission d’images à connotation sexuelle
  • Harcèlement sur les réseaux sociaux

...
Physique

  • Contacts physiques non désirés, frottements délibérés
  • Agressions sexuelles, contraintes sexuelles, tentatives de viol ou viol



On différencie deux catégories
de harcèlement sexuel :

1. Le chantage explicite

Le chantage explicite est généralement la forme la plus facilement identifiable mais la moins fréquente de harcèlement sexuel. Il s’agirait par exemple d’un employeur qui dirait à son employée, « Si vous refusez de m’envoyer des photos de vous, je ne vous donnerai pas ce poste ».

..et implicite

Le chantage implicite est plus difficile à identifier. Par exemple un patron qui tente régulièrement d’inviter une employée à aller prendre un verre après les heures de travail alors que celle-ci n’en a pas envie. Dans un cas comme celui-ci, il n’est pas clairement indiqué à l’employée que si elle refuse, elle risque de subir des conséquences. Toutefois, implicitement, le rapport de pouvoir est tel qu’elle n’est souvent pas en mesure de dire non.

2. Le climat hostile

Très souvent, le harcèlement sexuel prend la forme d’un climat de travail, qui ne vise pas forcément une personne en particulier mais dans lequel on peut se sentir mal à l’aise.




Qui sont les cibles?

Il n’y a pas de « victime » type : tout le monde peut être la cible de harcèlement sexuel. Cependant, force est de constater que certains facteurs, souvent imbriqués entre eux, augmentent considérablement le risque d’être harcelé-e.

Voici une liste non-exhaustive de ces facteurs de risque :

Qui harcèle ?

Dans la majorité des cas, les auteurs de harcèlement sexuel sont des hommes. Toutefois, il n’existe pas de « profil type » de la personne qui harcèle et la plupart du temps il ne s’agit pas d’un prédateur sexuel ou d’une personne présentant des pathologies. En réalité, les auteurs et autrices de harcèlement sexuel sont bien souvent des individus ordinaires. Le harcèlement sexuel est bien plus la manifestation d’un système de domination et de rapports de pouvoir que le fait d’individus isolés. Les femmes, dans une proportion minime, peuvent également être autrices de harcèlement sexuel, que ce soit en agissant seules ou en cas de harcèlement de groupe.

Le harcèlement sexuel au travail peut provenir de toute personne ayant un lien avec le milieu professionnel.

Quelles sont les conséquences pour la victime?

Le harcèlement sexuel, comme le harcèlement psychologique, peut avoir des conséquences sur la santé psychique et physique de la victime.
Parfois, il peut s’agir d’apparition ou de réactivation de symptômes ou troubles liés à des situations antérieures.

Au niveau personnel, même si la victime n’est pas responsable de ce qu’elle subit, le sentiment de culpabilité empêche souvent d’envisager les causes du harcèlement sexuel comme extérieures à soi-même.

Bien souvent, la personne visée par le harcèlement sexuel :

Harcèlement sexuel ou psychologique ?

Même si le harcèlement sexuel et le harcèlement psychologique sont deux phénomènes différents, ils sont intimement liés.

En effet, les dynamiques de pouvoir et les risques sur la santé de la victime sont très similaires. De plus, il est fréquent que l’un se transforme en l’autre .

La définition du harcèlement psychologique découle des jurisprudences retenues par le Tribunal fédéral:

Définition du harcèlement psychologique

« le harcèlement psychologique, appelé communément mobbing, se définit comme un enchaînement de propos et/ou d'agissements hostiles , répétés fréquemment pendant une période assez longue, par lesquels un ou plusieurs individus cherchent à isoler, à marginaliser, voire à exclure une personne sur son lieu de travail. La victime est souvent placée dans une situation où chaque acte pris individuellement (…) peut éventuellement être considéré comme supportable alors que l'ensemble des agissements constitue une déstabilisation de la personnalité, poussée jusqu'à l'élimination professionnelle de la personne visée. » (ATF 2A.770/2006, 26 avril 2007, consid.4.3)



Eléments caractéristiques du harcèlement psychologique

La répétition d’actes hostiles

Sur une certaine durée

Les effets sur la personnalité et la santé de la victime

Les effets sur la vie privée



En 2017, une nouvelle jurisprudence vient quelque peu modifier cette définition, notamment concernant l’intention de l’auteur ou de l’autrice :

« le seul fait que l’auteur présumé n’a pas fait montre d’un caractère sournois dans son comportement ne permet pas de conclure à l’absence de harcèlement. Il n’est pas exigé que l’auteur présumé agisse de manière dissimulée ou fasse preuve d’hypocrisie (…) Plus que l’intention subjective du harceleur, c’est finalement l’effet de ses agissements sur la personnalité et la santé de la victime qui est déterminant »

Selon cette jurisprudence, les intentions de l’auteur sont donc secondaires dans les cas de harcèlement psychologique, c’est bien le ressenti de la victime qui fait foi.



Conflit ou harcèlement psychologique (mobbing) ?

Il ne faut pas confondre les conflits, qui font bien souvent partie des relations de travail, avec le harcèlement psychologique. Ces deux phénomènes sont des processus, qui s’inscrivent sur la durée. Ils se différencient par plusieurs aspects.

Ampleur du phénomène

Dans l'Enquête suisse sur la santé 2012 (Office fédéral de la statistique), 6,8% des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes d'un acte de mobbing au cours des douze derniers mois. La question était formulée ainsi : « Au cours des douze derniers mois, avez-vous, au travail, fait l'objet d'intimidations/harcèlement moral/mobbing? ».

Actuellement, il n’y a pas de nouvelles enquêtes qui ont été faites au niveau national, malgré plusieurs demandes adressées au Parlement.

Les cibles de harcèlement psychologique (mobbing) sont autant des femmes que des hommes. Toutefois, comme pour le harcèlement sexuel, certaines caractéristiques peuvent augmenter le risque de devenir une cible.

De la même manière, les personnes autrices de harcèlement psychologique sont autant des femmes que des hommes.

Les causes de ce phénomène sont, de manière générale, structurelles et organisationnelles : mauvaise répartition des rôles et des activités, cahiers des charges inexistants ou imprécis, notamment. De plus, le harcèlement psychologique (mobbing) peut également être utilisé pour se séparer de collaboratrices et de collaborateurs sans avoir à les licencier. Les personnes qui osent dire ce qu’elles pensent, qui ne se plient pas à la majorité, sont particulièrement susceptibles de devenir des cibles.

 



Agissements hostiles

Les agissements hostiles caractéristiques du harcèlement psychologique sont communément séparés en quatre catégories :


Obstacles et idées reçues

Obstacles

Il est très difficile pour les personnes victimes de harcèlement sexuel de parler de ce qu’elles vivent. En effet, elles craignent :

  • que le climat de travail se dégrade encore plus
  • qu’on leur reproche de faire beaucoup d’histoires « pour rien »
  • qu’on les accuse de manquer d’humour
  • qu’on mette en doute leur parole
  • qu’on leur reproche de n’avoir rien dit tout de suite
  • que la personne mise en cause soit punie
  • de subir des représailles
  • d’être mal vu-e par leurs collègues
  • d’être transféré-e au sein de l’entreprise
  • d’être licencié-e
  • de voir sa formation mal évaluée par son responsable
  • que son stage ne soit pas validé







Les idées reçues sur le HS

Beaucoup d’idées reçues subsistent à propos du harcèlement sexuel. Même si elles sont totalement fausses, elles rendent la vie particulièrement difficile aux personnes qui en sont victimes car elles tendent à les culpabiliser et, par conséquent, à déresponsabiliser les auteurs et autrices :





Un accès lacunaire à la justice

Les obstacles et les craintes des personnes harcelées ne sont malheureusement pas infondées. Certes des progrès indéniables ont été accomplis tant dans le monde du travail que dans celui de la formation, particulièrement professionnelle. La prise de conscience de l’ampleur et des conséquences du harcèlement sexuel a eu pour conséquence que d’importants changements ont été implémentés, au 21ème siècle, en termes de procédures internes (prévention, traitement et sanctions) qui devraient permettre de parler rapidement à une personne de confiance nécessairement neutre, à même d’aider celui ou celle qui a été cible de harcèlement. Malgré ces avancées, les cibles de harcèlement sexuel craignent de dénoncer ces agissements. Et c’est bien légitime ! Car trop souvent les victimes sont confrontées au manque d’écoute, de soutien et de sanction. Alors que plus nombreuses sont les cibles qui osent dénoncer ce qu’elles vivent, plus le harcèlement sexuel est rendu visible, plus le seuil de tolérance tend vers zéro…. C’est le paradoxe auquel nous faisons face.

Dans les faits, faire reconnaître l’existence d’un harcèlement sexuel par la justice relève encore du parcours de la combattante ou du combattant. Les procédures sont souvent longues et intrusives, délicates lorsqu’on ne peut compter sur un dossier patiemment construit depuis le début du harcèlement.

Toutefois, au sein des tribunaux, de la magistrature, comme de la société dans son ensemble, les mentalités et les représentations évoluent.